Stor(i)etta de mon amour pour les marchés italiens

Ça ne t’a pas échappé, je suis à moitié italienne et à moitié française. Tu ne peux pas me demander de choisir le pays que je préfère, même si selon les jours je suis plus ou moins critique vers l’un ou l’autre. Mais attention hein… Moi je peux être critique envers l’Italie ou la France… Mais… si je suis en France et tu me critiques l’Italie ou l’inverse… Et bien saches, que d’un coup d’un seul toutes les forces révolutionnaires s’emparent des moi et je défends l’une de mes deux patries. Avec un soupçon de mauvaise foi. Schizophréne tu dis ?

Et pour continuer dans cette partie psychiatrique, tu sais que j’aime bien analyser les choses, cher lecteur et j’en suis arrivée à cette conclusion : je suis italienne quand je cuisine. J’aime les saveurs du sud, les combinaisons simples, les légumes qui sentent le chaud et l’huile (oui je sais, je te l’ai bien caché cette histoire d’huile hein.) Mais je mange à la française : j’aime les tablées avec de jolies assiettes chinées, les amis et la famille réunis, les conversations qui dérapent, les échanges interminables autour du cinéma coréen, les albums de Coltrane ou la question qui nous taraude tous… Arya a-t-elle utilisé les visages ? Bref, j’aime parler et manger et manger et parler et ça c’est plutôt français.

Hehe je sais, tu es intrigué maintenant et tu te demandes en quelle langue je fais les courses. En italien, voyons !

C’est dans les marchés italiens de mon enfance que j’ai vu les légumes, que je les ai touchés , que j’ai appris à écouter les recettes des vendeurs, des clients.

Hop, allez, tu insistes, laisse-moi t’amaner dans ma ville d’enfance, Alba. Petite ville du Nord de l’Italie. Alba, la ville qui a vu naître la Ferrero, il Barolo, la truffe blanche, le Slow Food et Eataly. Alba, sur laquelle tu ne paries pas une lire et qui t’en fait gagner quelques millions. Voilà où Ninotchka a grandi. Et dans mes odeurs d’enfance, il y a la truffe blanche et l’odeur de production de la pâte à base de noisettes qui embaume la ville et l’odeur du brouillard de la plaine du Po. Oui, je sais, c’est pas tout à fait les odeurs de cédrat ou de tomates dont j’ai pu te parler, mais ce sont aussi les odeurs qui ont accompagnées mes journées.

Les mardis, jeudis et samedis sont les jours de marché. Et me voilà, toute petite, pliée dans la 4L rouge décapotable de ma maman, aller faire les courses au marché.

Il y avait Renato, qui nous accueillait avec son papa très très âgé, qui tenait la caisse. Renato nous amenait toujours les courses jusqu’à la voiture. Puis il y avait le jeune homme qui vendait les fleurs. Je me souviens qu’il était très beau. Il me donnait toujours un petit bouquet… Peut-être sa beauté était due à ça aussi. Puis il y avait le papi des œufs, que nous allions aussi des fois voir dans sa ferme, pour que je puisse manger l’œuf à la coque extra frais. Une petite Ninotchka bercée aux bons produits. Mais aussi à la bonne humeur. Parce que l’ambiance des marchés italiens, où qu’ils soient, n’a d’égal que l’ambiance d’un concert de Seu Jorge, qui arrive à faire dansouiller le public lyonnais. Et ça, je t’assure que ça te scotche.

Revenons à nos marchés : ma maman qui parle aux vendeurs, les vendeurs qui t’offrent des légumes, qui te tournent les artichauts, qui te font goûter un fruit…et puis, en grande partie tu rencontres encore de vrais paysans, qui amènent leurs légumes directement de leur terrain.Je n’ai pas appris à manger local et de saison… Le mode de vie italien prône le local et de saison depuis toujours, ça s’explique par sa géographie et aussi par le fait qu’on continue encore à cuisiner à la maison. C’est ça aussi la classe italienne… Un peuple de bobo avant l’heure !

Et peut-être que ma passion pour les bonnes choses vient de là aussi…on se passe les recettes en achetant les légumes, on se fait conseiller sur des temps de cuisson, un prend des nouvelles des proches… C’est un concentré de vie et d’énergies.

Je reviens de Sicile et je ne pensais pas pouvoir encore découvrir des légumes en Italie… Et pourtant : la cocuzza, dont Rosaria fait la soupe avec un œuf cassé dedans, ses feuilles dites le tenerezze que tu cuisines revenues à la poêle et avec des spaghetti comme me l’a dit Vito, les segali, de tendres blettes à la tige rosée, la cipollina, un oignon nouveau très fin qu’on mangé grillé avec de la viande… Et surtout, surtout… le cédrat. Avant même de le goûter, j’ai juste planté mon ongle dedans. Et là j’ai senti un mélange de tous les parfums masculins que j’aime tant et j’ai trouvé d’un coup le vendeur très charmant. Ah le pouvoir des fruits et légumes frais ! Mais tu me connais, je ne suis quand même pas si futile et je suis allée à l’essentiel…Comment diable se mange cet agrume ?

Et là…la magie opère. Maria m’entend et commence à me montrer comment les choisir et à me raconte c’est un agrume doux et au goût très particulier, dont on mange le blanc (le ziste). Elle me raconte qu’elle est Calabrese et elle le prépare comme là-bas : coupé comme un légume, assaisonné avec un peu d’oignon frais, de l’huile et du sel… Puis elle en achète, le vendeur lui dit que c’est au poids. Et il n’a pas de balance, mais il lui pèse à la main. Personne ne se décompose et on paie nos cédrats, à un prix très juste.

Tu commences à me connaître. Évidemment que j’en ai acheté. Évidemment que j’ai cherché la petite perle rare. Et je t’ai même dégoté une recette simplissime de la maman de mon ami Antimo. Cœur Coeur Cœur.

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